Depuis le temps que j’écris sur mon blog, je vous parle en boucle de mes motos de course. Little Panini, Big Panini et Dédé n’ont plus aucun secret pour vous. Oui mais, savez-vous qui est le magicien qui transforme mes Ducati en « reines » de la piste ? Thierry, alias « Titi », est plus qu’un mécanicien. Au-delà d’être un amoureux et un spécialiste des Ducati qu’il bichonne, il est surtout devenu un ami, une famille…
Si tu me croises sur un circuit, il y a de fortes chances que tu croises un grand gaillard à mes côtés : mon mécano Titi.
J’ai rencontré Titi lorsqu’il travaillait chez Yohann Motosport à Meaux. À l’époque je ne m’étais pas encore lancée dans la compétition et Little Panini, ma Ducati 899 full origine, était loin de ressembler à celle que vous connaissez actuellement. C’est au détour d’une conversation au cours de laquelle je lui ai dit que j’allais participer à ma première course à l’occasion de la Women’s Cup en 2016, qu’il m’a proposé de s’occuper de mon italienne.
Nous sommes en 2016, je vais découvrir la compétition moto lors de la première manche de la Women’s Cup au Mans. Piquée par le virus du drapeau à damier, j’enchaînerai par la suite 2 courses d’endurance. Les 2*300 miles du Vigeant avec mon homme et les Valentinos Days avec les copines Suisses rencontrées la même année. La saison se terminera dans le bac à gravier au Mans où j’ai littéralement pulvérisé Panini. Tout part de là…
Alors quitte à remonter une moto, autant transformer la belle en bête de course. Titi commencera par terminer de désosser ce qui ne s’était pas envolé lors de mon roulé-boulé dans la Dunlop. Je ne vous raconte par ma tronche lorsque j’ai vu ce qu’il restait de ma 899, posée sur un rondin de bois. Titi m’envoya une photo avec comme intitulé « voilà Lili, maintenant tu as une pocket bike » (pour ne pas dire une moto à ma taille). C’est à partir de ce moment que commença un travail minutieux de recherche, de pesée et de remontage, tel un chirurgien sur le coeur d’un transplanté.
Chaque pièce de la moto remplacée, fut pesée. Chaque nouvelle pièce remontée, également aussi. Boucle arrière en aluminium, jantes en allu forgé, radiateur H20, batterie lithium, poly en Aviovibre, platines racing, maître cylindre taillé masse et j’en passe…
Objectifs de Titi, en faire une arme de guerre, pour la piste ! Un bicylindre certes moins puissant que les 1000 cc de ma catégorie, mais néanmoins capable de rivaliser avec les 200 bourrins de mes concurrentes. Une arme oui, mais à ma portée, adaptée à mon petit gabarit et à mon style de pilotage. C’est ainsi qu’après un hiver complet de boulot sur ma meule, est née de ses mains d’orfèvre la Panini que vous connaissez.
Et le travail sera récompensé au-delà de nos espérances, puisque dès la première année du Championnat de France, cette Panini m’emmènera sur la 3ème marche du podium du Championnat en catégorie 1000 cc. Sans parler de nos amis Suisse sur le circuit de Dijon qui n’en revenait toujours pas, persuadés que c’était une 1199.
« Eh, mais tu as vu, c’est une « huit nonante-neuf » !!!! » 🤣
L’année suivante, je décide de garder ma belle et de continuer mon apprentissage avec cette moto qui me va comme un gant. Avec 11000 kms de piste dans les roulements, et sans aucun problème ou alerte, on décide malgré tout par prudence d’aller checker son petit coeur ; des fois que les légendes urbaines sur la fiabilité soient vraies (ça c’est pour les mauvaises langues « Ducatiphobes »🤣). Opération à coeur ouvert et découverte d’un organe aussi propre et en bonne santé que celui d’un sportif de 20 balais ! Check-up … RAS ! Un coup de chiffonnettage et 2, 3 réglages avec l’aide de Seb (pourtant spécialiste des GX traordinaires !) avant de terminer le taf chez notre ami Franck de chez Thorn-Bike. Objectif, lui faire gagner quelques bourrins, mais surtout régler cette moto encore trop riche. Merci le Woolich et merci Francky !
Titi m’a confectionné un bijou aussi beau que fiable. Et après 3 années de bons et loyaux services en compétition, Little Panini n’est d’ailleurs toujours pas à la retraite ;-)
Mais, j’avais envie de voir plus grand, enfin, plus gros pour être honnête ! Et je n’étais pas la seule. Alors quand Ducati a sorti cette fabuleuse V4, il ne m’a pas fallu longtemps pour me laisser convaincre par Titi de tenter un nouveau challenge. Me préparer une Big Panini que je serai capable d’exploiter sur la piste, malgré mes 47 kgs !
Et voilà Titi qui ressort ses gants de chirurgien et sa table d’opération. Le travail de transmutation italienne pouvait recommencer ! Même combat que pour Little Panini. Lui faire perdre du poids, la rendre plus maniable et automatiquement moins physique. La faire chanter comme la Castafiore ! D’ailleurs un peu trop au goût du sonomètre. Une deuxième opération des cordes vocales aura finalement été nécessaire, pour que cette Diva puisse prendre légalement la piste 🤣
Cet hiver 2019 fut une saison expérimentale aussi bien pour moi que pour mon mécano. De mon côté, j’essayais de trouver de nouveaux pouvoirs magiques en me faisant griller le nibard dans un four micro-ondes géant. Tandis que de son côté, Titi, tentait de trouver l’équation magique pour essayer de passer ses mains de bûcheron dans une mécanique où même un poil de cul ne serai pas rentré !
Et encore une fois, l’alchimie opère ! Big Panini est vivante ! Comme tout droit sortie d’un film de « Moto GP » 🤣 !
Et puis Titi, il n’a pas eu que du fil à retordre avec mes Panigales, mais du câble aussi ! Parce que dans le jeu des 7 familles « Ducati », j’ai demandé la Grand-mère ! Et je lui ai ramené une jolie 750 Sport, histoire de lui trouver des occupations/équations à résoudre mais sur du Carbu cette fois-ci !
Créer des monstres pour la piste oui, mais encore faut-il savoir les faire fonctionner et les régler comme il se doit. Et c’est pas Gigi qui te dira le contraire ! Titi, il ne fais pas que mettre les mains dans le cambouis, démonter, remonter et expérimenter. C’est également un fin metteur au point et il a un sens inné pour les réglages.
Titi il m’observe rouler sur la piste et il sait de suite ce qu’il faut régler sur la moto. Mieux qu’un analyste en guerre acoustique, il est capable de te dire si quelque chose ne va pas, rien qu’en écoutant chantonner mes italiennes.
« Tiens, c’est étrange, elle chante pas comme d’habitude Panini »
« Depuis les S bleus, je t’entends arriver et je sais que c’est toi » ! Bon là, faut avouer que mes meules font un boucan d’enfer 🤣
Reine de la chiffonnette, je suis surtout à bonne école ! Car Titi est indubitablement « the King of the chiffonnettage » ! Et c’est surtout pour la sécurité que ce maniaque de la propreté opère. Nombreux sont les commissaires techniques restés bouche bée devant cet entretien si minutieux.
C’est donc évidemment toujours autour de mes motos que tu auras le plus de chances de le trouver. Tout est contrôlé, vérifié, revérifié de façon rigoureuse, maniaque pour certains. Titi il ne laisse personne s’approcher de « ses précieuses » et encore moins les tripoter ! Et, même s’il grogne souvent quand on vient lui casser les … oreilles… avec des conseils de « pseudo expert en Desmosedici », pour autant il ne mord pas !
Encore une fois les apparences sont trompeuses. Titi a le sourire un peu caché et un caractère bien trempé. Mais derrière cette mine souvent renfrognée se cache une personnalité attachante et un homme au grand coeur. Et, si tu gagnes sa confiance et fais preuve de curiosité, alors tu découvriras un grand sensible passionné prêt à te raconter la mécanique, comme on lit un livre de conte à des enfants.
Et comme moi aussi j’ai mon côté un peu « butée, bornée », j’arrive à comprendre son côté « tête dure ». Du coup, on est plutôt sur la même longueur d’onde et finalement on parle un peu le même langage 🤣
Et puis il y a ces 3 rituels devenus tellement indispensables. Titi me sort toujours Panini pour m’éviter des manoeuvres compliquées avec mes courtes pattes. Puis il me lance comme une boule de booling sur la piste. Enfin il est toujours là pour me réceptionner comme un aiguilleur sur une piste d’atterrissage.
Pour rien au monde je n’échangerai ma petite taille dans ces moments là. Car à ces instants précis, je me sens comme Pedrosa sur sa MotoGP !
Alors, sur les lignes de départ comme aux arrivées, je suis fière d’être « sa pilote » comme il dit. Et pour moi, faire honneur à son travail en faisant de belles courses devient inévitable.
Depuis plus de 4 années maintenant, Titi continue à pratiquer son don d’alchimiste sur mes motos de façon méticuleuse et passionnée. Depuis plus de 4 ans, il partage avec nous nos incroyables histoires de motos et sillonne la France avec notre joyeuse troupe. Mais avant d’être celui qui bichonne mes motos, je le considère aujourd’hui comme un membre de ma famille.
Si l’alchimiste rêve de transformer le plomb en or, Titi lui a de l’or dans les mains et le coeur. Ami fidèle et grand passionné de la marque il trouvera toujours une solution aux problèmes (rares hein !) ou pourra transformer une moto de série en petite motoGP.
Et comme il le dit si bien quand la Desmosedici GP de Dovi ou la Panigale V4 de Redding mettent un vent aux japonaises…
« Et voilà, éliminéeeeee !!! »
Lil’Viber ;-)
Où trouver Titi ?!
5 rue Paul Henri Spaak 77240 Vert St Denis
Beau devoir de vacances, quelques redites, mais un style vivant, narratif, qui laisse la part belle à l’homme de l’ombre. Un bel hommage, doublé d’un bon investissement. Nul doute qu’en 2021, le tandem Titi-viber, devrait faire parler la poudre. Ne pas oublier Hadi, le silencieux, qui pour ne pas être très expansif, n’en est pas moins efficace. Forza Lili… mon p’tit soldat.
Oui mon Jean-François… Hadi, Guigui, Jean-Luc, Seb, Alain, Valentin et toi… je vous aime fort…