C’est (enfin) parti !!!
Ma mission: gratter un max de places sur le premier tour !
Il fait très chaud ce dimanche. L’excitation est à son comble. C’est avec « le couteau entre les dents » que je fais ce début de course : « pousse toiiiiii !!! ».
Après le 1er tour, je suis remontée à la 33ème place ! Satisfaction de courte durée quand, au tour suivant, je vois 49ème au panneautage !
Maiskeskecekecetruclà ?! … C’est pas possible ! … Réclamation M’sieur l’arbitre !
Ah oui, merde, j’ai oublié … la pénalité de 2 tours, puisque nous roulons à « L’américaine » (2 motos), est appliquée. Bon, mon objectif : enquiller un max de tours et essayer de gagner le plus de places possibles avant de passer le relais à mon homme. Tellement occupée à essayer « d’enrhumer » mes concurrents, c’est moi qui ai fini par manquer d’air. J’ai oublié de respirer et suis restée en apnée un certain nombres de tours. Evidemment, au bout d’un moment j’ai commencé à suffoquer sous mon casque.
Retour au boxe et passage de relais à mon mec, je ne pense qu’à une seule chose : me foutre à poil et boire 2 litres d’eau pour avoir moins chaud ! Je suis rouge écarlate, les traits tirés. J’avais l’air tellement éprouvée que mon équipe a crû que j’allais m’évanouir sur place.
« J’ai chaud, j’ai soif, je vais exploser, vite retirez moi ma combi !!!!!!!!! ».
Aucune pudeur et j’ai terminé en soutif au milieu du boxe que je partageais avec d’autres Teams. Hadi n’en saura rien, il est déjà entré en piste sur sa bécane. Mais bon, toutes les techniques de déstabilisation de la concurrence sont bonnes à prendre.
Après une bonne douche, 10 pipis (vu les litres d’eau avalés) et une oxygénation complète de tout mon organisme, j’ai enfin repris une couleur normale ! En mode détente sur mon transat rose, j’ai retrouvé mes esprits, jusqu’à ce que la panique me reprenne, quand je fus témoin du 1er ravitaillement de Panini :
Pendant que « Sam la lance », notre ravitailleur, se bagarre avec le mauvais bidon d’essence qui coule pas, « JC Ewing » (le Team manager qui s’est transformé en préposé à la sécurité incendie), s’agite à côté de l’extincteur posé au sol !
« JC, faut que tu tiennes l’extincteur en joue pendant le ravitaillement, sinon on va se prendre une pénalité ! » « Sam, change de bidon !! ».
Et moi, je m’agite aussi autour de Panini (toujours en soutif), sous les yeux du contrôleur à la mine déconcertée, qui n’attend plus que je touche la bécane pour nous coller une autre pénalité !
Scène juste irréelle, c’est la cata !!!!!!! Quand j’y repense, je ne peux m’empêcher de me marrer en revoyant ces deux contrastes d’organisation entre notre Team et celui de nos voisins : un côté chic et l’autre côté choc !!!! ;-)
Heureusement, pendant que notre « bande de bras cassés » essayait de se sortir au mieux de problématiques de bidons, Hadi, tel un métronome, enquillait sereinement les tours, nous faisant remonter jusqu’à la 38ème place ! Mon Lorenzo à moi !
Vite, on a oublié de passer l’info à Thierry qui est au panneautage. « Thierry 38 ! ». Signe de la main de notre panneauteur, il est temps pour moi de remettre la combi, Hadi rentre au bercail après plus d’une heure de course.
A nouveau surexcitée, je me sens « chaud-patate » pour reprendre la course ! Enfin, peut-être un peu trop d’ailleurs, car après 6 tours, voilà que je perds l’avant et me vautre la tronche dans « Le Buisson ». Pourtant la veille, Professeur Thierry m’avait bien prévenue après que j’ai fanfaronné en disant que j’ai frotté mon cale-pied: « tu prends trop d’angle Lili, tu vas finir par te foutre au tas ».
Ben voilà, çà, c’est fait, sauf que là, je ne suis pas seule sur cette course et la culpabilité commence à m’envahir. Ni une, ni deux, je fais mon max pour repartir au plus vite au boxe afin de redonner le transpondeur à Hadi.
Je ne vous raconte pas sa tronche, quand je suis arrivée : le pauvre, à peine sorti de sa douche et torse nu, il a à peine eu le temps de récupérer qu’il fallait déjà repartir !
« Mais qu’est-ce qui c’est passé ? », « Mais tu étais où ? »
« Je suis tombée ! Mais propre ! » : la preuve !
Bilan de la chute : j’ai pas cassé la moto, juste frotté la combi ! Un embout de guidon, un protège carter qui a bien fait son job et ma super platine de frein arrière Pramac (snif, mon cadeau d’anniversaire), mais pas une égratignure sur le poly !
Pendant que tout le monde reste médusé sur mon poly rescapé (la chiffonnette est quand même passée par là), moi je reste les yeux rivés sur l’écran qui nous donne en live les chronos et positons d’Hadi. Je m’en veux énormément de cette stupide chute qui nous replace à la 46eme position et essaye de me reconcentrer pour assurer le dernier relais.
Pendant ce temps, sur la piste, Hadi assure un max, il avale les tours avec une régularité déconcertante, nous faisant remonter jusqu’à la 38ème place ! Après avoir roulé 1H15 (ce qui nous aura permis de bricoler Panini afin que je prenne le dernier relais), Hadi rentre au boxe, calme et détendu !
Cette fois-ci, pas question de tout faire foirer. C’est hyper concentrée et déterminée à finir la course, que je prends ce relais. Mon objectif, me concentrer sur mes trajectoires et surtout respirer sous mon casque ! La chaleur est toujours aussi forte, mais paradoxalement, à la différence des premiers relais, mon corps semble mieux résister et j’arrive à me détendre au fur et à mesure des tours. A chaque passage sur la ligne droite je jète un coup d’oeil au panneautage puis lève les yeux vers le décompte chrono de la course.
Il faut tenir jusqu’au bout, pas question que je flanche et ma détermination prend le dessus sur la fatigue.
Oups ! Purée je me loupe au virage avant la ligne droite et passe vite fait par les graviers, mais tout va bien, je reprends ma course et fait signe de la main à mon Team pour dire que tout va bien ! C’est ballot… d’une part, ils n’ont pas vu que je me suis loupée et, d’autre part, j’ai oublié que c’était le même signe que nous avions fixé pour dire que le pilote rentre et que le deuxième pilote doit se préparer à prendre le relais !
Le pauvre Hadi ressaute dans son cuir et ses bottes et se prépare jusqu’à ce que les gars me voient passer encore et encore sur la ligne et comprennent qu’il s’agit en fait d’une fausse alerte !
C’est une blague les mecs ! Humour ;-)
Et puis, tout d’un coup, apparait ce « libérateur » drapeau à damier. Je passe la ligne d’arrivée à la 35ème position, presque déçue que la course soit terminée !
C’est la 2ème fois que je vis cette émotion de franchir une ligne sous le drapeau à damier. Et tout comme la première fois, l’émotion est toujours la même : intense et inexplicable !
Tour d’honneur oblige, je repasse devant les commissaires de piste qui m’ont ramassée au virage « du Buisson » et qui me lancent des « pouces levés de félicitations ». J’ai presque envie de descendre pour les embrasser et encore une fois les remercier de m’avoir aidée à me remettre en selle. Cette course je la termine aussi grâce à eux…
Avant de rejoindre le parc fermé où nous devons laisser les motos pour les contrôles, c’est devant une haie d’honneur du public que nous passons avec les autres concurrents. L’émotion est à son maximum et tradition oblige, je me fais baptiser d’une bouteille d’eau sur la tronche par mes amis du « B&B Racing Team ».
Tout le Team est là, on se prend dans les bras, on se félicite et c’est dans ceux de mon coéquipier de mari que je tombe, le coeur serré de bonheur. Je suis fière de nous tous même si nous ne sommes pas sur le podium, mais vivons cette fin de course comme si nous l’avions gagnée tous ensembles !
On était pas vraiment préparés techniquement pour une course d’endurance. On a eu parfois l’impression d’être des extra-terrestres, mais l’amitié, l’amour, la passion et un incroyable esprit d’équipe nous auront permis d’aller jusqu’au bout de nous-même et de cette course !
Parce que le Team « Le Peuple du Village » a bien l’intention de réitérer cette « incroyable performance », nous serons à nouveau de la partie en 2017…
Stay tuned…
Lil’Viber ;-)
Un grand merci au Ducati Club de France, qui nous aura offert la chance de découvrir cette incroyable endurance. Merci aux pompiers du Team 18 pour le prêt du matériel qu’il nous manquait sur place (les boulets de l’organisation c’était nous !). Merci à Baptiste, pompier de Paris, pour le prêt de sa tenue ignifugée, mais aussi pour avoir accepté de venir faire le vrai pompier durant l’endurance. Malheureusement, travail oblige, il aura suivi la compétition de sa caserne (mais on l’attend de pieds ferme l’année prochaine ;-) ).
Un énorme merci à nos voisins de paddock pour le prêt de leur shunt de béquille sans lequel nous n’aurions pas pu rouler!
Crédit photos : Jean-yves Flecher, Lil’Viber, Yes My Lord
Je découvre ton blogspot via riding sensation
J ai adoré ton recit !! On s y croirait :)
Je continue ma balade !
Severine
Coucou Séverine, contente que cela te parle ou/et te touche, cette première expérience de course d’endurance a été juste magique, j’attends 2017 pour y retourner et je l’espère, pouvoir à nouveau partager cela de la façon la plus sincère qu’il soit ;-) A bientôt, sur les circuits ou ailleurs ;-)